Histoire du Consulat Général

L'histoire du Consulat Général de Russie à Montréal a pris le départ en 1900, quand la première mission consulaire de l'Empire russe a été établi ici. Après le règlement de toutes les procédures nécessaires avec le Royaume-Uni M.Nicolas B.Strouve, conseiller collégial, l'ex vice-consul à Francfort-sur-le-Main, a été nommé le premier Consul de Russie au Canada par l'Ordre de l'Empereur, daté le 18 janvier 1900.

M.Strouve est arrivé à Montréal le 30 mai (le 17 mai de calendrier julien) 1900. Au débotté à Montréal, il a commencé à choisir des logements pour la chancellerie et sa résidence. 

En 1906, M.Strouve a pris part à la cérémonie d'ouverture de l'Assemblée Nationale du Québec en qualité du représentant de l'Empire russe au Canada. M.Strouve a participé activement à la vie des immigrants russes, des industriels et leur a prêté son aide. 

En 1906, M.Strouve a pris part à la cérémonie d'ouverture de l'Assemblée Nationale du Québec en qualité du premier représentant de l'Empire russe au Canada. M.Strouve a participé activement à la vie des immigrés russes, des industriels et leur a prêté son aide. 

M.Strouve était Consul à partir de 1900 jusqu'à 1911. Aujourd'hui le Diplôme en honneur de Nicolas Strouve est remis aux meilleurs étudiants-russistes de l'Université McGill. 

Le premier Consulat de l'Empire russe à Montréal s'était installé au 50, rue Durocher (maintenant c'est le 3488, rue Durocher). C'était le premier bâtiment dans la ville au-dessus duquel flottait l'étendard d'Etat de l'Empire russe.

Depuis 1967 le bâtiment administratif du Consulat Général de Russie à Montréal se situe dans l'hôtel ancien de 1911 (3655, Avenue du Musée), qui figure dans tous les catalogues des immeubles historiques du centre de Montréal comme «Maison Lafleur». 

En 1985, le territoire du Consulat Général a été élargi du fait de l'achat d'une résidence privée «Maison Rodolphe Forget» (3685, Avenue du Musée), où la Résidence du Consul Général de la Russie à Montréal est située aujourd'hui.

La Maison Forget

En 1912, l'éminent financier, homme d'affaires, sénateur et philanthrope Sir Joseph David Rodolphe Forget (1861-1919) fait construire à Montréal, dans le quartier Golden Mile Square, une vaste résidence qu'on appellera plus tard « La Maison Forget ». Il commande les plans au célèbre architecte montréalais Jean- Omer Marchand.

La façade de cette vaste et élégante demeure à trois étages, qui se trouve à 3685, avenue du Musée (ancienne avenue Ontario), est accomplie dans le style Beaux-Arts (genre Renouveau classique français). Elle est revêtue de grès chamois. Les côtés sont en brique jaune, une couleur chère à Jean-Omer Marchand. Par son caractère essentiellement urbain, la Maison Forget s'apparente aux hôtels particuliers de Paris ou de New York construits à la même époque. Sa décoration sobre et ses proportions harmonieuses s'inspirent du style Louis XV et de Louis XVI.

La maison contient 40 pièces, dont les 15 chambres possèdent chacune une salle de bains. La partie supérieure du hall est éclairée par un puits de lumière et a une grande fenêtre ornée d'un vitrail. Ce vitrail a été peint par l'éminent adepte du style « Art déco », artiste français, illustrateur et décorateur Henri Rapin (1973-1939), dont les œuvres ont été exposées, en outre, à l'Exposition internationale des arts décoratifs à Paris en 1925. Tous les plafonds de la Maison Forget sont peints à la main. Le plafond de vestibule est peint de façon à imiter la pierre de Caen. La bibliothèque qui occupe une pièce double est toute recouverte de boiseries.

Chronologie de la Maison Forget        

1912- 1919 :

Sir Rodolphe Forget

1923- 1964 :

M.Donat Raymond

1964-1984 :

Mme Graziella Timmins, veuve
 de M. Donat Raymond

1985-à ce jour :

La résidence du Consul Général de
 l'URSS/de la Russie

 

Jean-Omer Marchand (1873-1936), architecte et concepteur de la Maison Forget

Natif de Montréal, doté d'un talent artistique, Jean-Omer Marchand fait d'abord ses études au Collège de Montréal et à l'École des arts et manufactures. En quête de perfectionnement, il se rend à la prestigieuse École des Beaux-Arts de Paris où il passe neuf ans. De retour dans sa ville natale en 1902, Marchand ouvre un cabinet d'architecte. Il acquiert rapidement la notoriété et sera considéré comme un des plus grands architectes de l'Amérique du Nord. En collaborant avec son collègue, l'Américain Samuel Stevens Haskell, également issu de l'École des Beaux-Arts de Paris, il contribue grandement au rayonnement architectural de Montréal. 

Avant de concevoir la Maison Forget, Omer Marchand avait déjà dans son actif des réalisations aussi importantes que spectaculaires, comme la Chapelle du Grand Séminaire des prêtres de Saint-Sulpice (1902-1907), la maison mère des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame (1904-1906) (de nos jours, elle abrite le Collège Dawson) et l'église paroissiale Sainte-Cunégonde (1904-1906). La Cathédrale de Saint-Boniface ayant souffert d'un incendie, à Saint-Boniface au Manitoba fut également l'œuvre de M. Marchand. Plus tard il dessinera avec Ernest Cormier l'édifice de l'École des Beaux-Arts de Montréal de la rue Saint-Urbain (1922) et contribuera, aux côtés de John A. Pearson, à la conception de l'édifice du centre du Parlement du Canada, construit entre 1916 et 1927. On doit également au talent de Jean-Omer Marchand le Pavillon canadien de l'Exposition universelle de Paris (1900).

Actif dans de nombreuses associations professionnelles, Jean-Omer Marchand a été président de l'Association des architectes de la province du Québec en 1927. Il devient membre du Royal Institute of British Architects (RIBA), est nommé chevalier de la Légion d'honneur en France (1926) et préside le Conseil Supérieur des Beaux-Arts du Québec. Marchand a vécu avec sa femme Éva Lebouthillier et sa fille Raymonde, avenue Wood à Westmount, dans une maison comprenant un atelier qu'il avait conçue en 1923. 

Jean-Omer Marchand est entré dans l'histoire de l'architecture canadienne comme maître du style néo-classique soucieux de détail, mais aussi comme un amoureux de l'Art déco et l'Art nouveaux dont les traits élégants se sont reflétés dans plusieurs de ses œuvres. 

À Montréal, une rue dans l'arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles porte le nom de cet éminent architecte canadien.

Sir Rodolphe Forget (1861-1919)

Sir Rodolphe Forget, neveu de l'homme d'affaires prospère Louis-Joseph Forget, est originaire de Terrebonne. Il a fait ses études au Collège Masson, une institution réputée où étaient formés plusieurs membres de la première génération de l'élite économique francophone du Québec. Aidé par son oncle à ses débuts, il prend vite de l'autonomie. Il fonde alors sa propre maison d'affaires «L.J. Forget @ Co» et déjà en 1907, figure sur la liste des millionnaires, établie chaque année par le journal «Montreal Star». En 1909, il ouvre une succursale de sa compagnie à Paris et deux années après, fonde la Banque Internationale du Canada. De 1908 à 1911, il préside la Bourse de Montréal. En tant que président ou directeur d'une vingtaine de compagnies dont «La Quebec Raiway, Light, Heat and Power Company», «La Canadian General Electric Company» etc., Sir Rodolphe Forget joue le rôle majeur dans l'évolution de l'industrie hydroélectrique et le secteur de transports à Montréal et à Québec. 

En plus de ses activités, cet homme habile en affaires, trouve le temps de se lancer en politique se faisant élire député conservateur fédéral (1904-1917) de Charlevoix, la région dans laquelle il développera durant sa vie des activités philanthropiques. 

Après le décès en 1891 de sa première épouse Alexandra Tourville (une fille est née dans ce mariage), Sir Rodolphe Forget s'est marié en 1894, à Rivière-du-Loup avec Blanche McDonald. Ils ont eu ensemble trois fils et une fille. Celle-ci deviendra la célèbre femme politique et sénatrice canadienne Thérèse Casgrain (1896-1981) qui luttera pour les droits de femmes au Québec, droit qu'elle obtiendra sous la gouvernance d'Adélard Godbout en 1940. 

En se souvenant de son père, Thérèse Casgrain écrivait ceci : 

« J'ai eu une jeunesse heureuse, je dirais même dorée, entre le pensionnat des Dames du Sacré-Coeur du Sault-aux-Récollets et la grande maison familiale que mon père avait fait bâtir sur les hauteurs de Charlevoix, à St-Irénée, face au fleuve Saint-Laurent où je passais mes vacances.  

Mon père, Rodolph Forget, est entré très jeune comme courtier chez son oncle, Louis-Joseph Forget, à Montréal et avec le temps, il fut à la tête de la plus importante maison de courtage au Canada. La fortune qu'il a amassée ne lui a jamais fait perdre de vue le bien-être de ses compatriotes moins privilégiés et on lui est encore reconnaissant pour son œuvre sociale et philanthropique dans la région de Charlevoix/Montmorency où il fut député fédéral pendant une quinzaine d'années.  

On lui doit entre autres, une école à St-Irénée, une ferme modèle, le chemin de fer entre la Malbaie et St-Joachim en banlieue de Québec et surtout le magnifique manoir Richelieu de la Malbaie.  

J'ai admiré mon père depuis mon plus jeune âge et c'est grâce à lui si j'ai eu envie d'aider ceux qui voulaient s'instruire ».  

Cit. d'après : Thérèse Casgrain « Une femme chez les hommes », Montréal : Éditions du jour, 1971 

Sir Rodolphe Forget avait aussi un grand attachement à la France et à la culture française. Il est mort à Nice en 1919. 

En 1923, La Maison Forget passe entre les mains du riche financier Donat Raymond.

Donat Raymond (1880-1963)

Donat Raymond est né à Saint-Stanislas de Kostca au Québec. Sénateur canadien (1926-1963) et Libéral en vue, il était financier et homme d'affaires prospère. Il occupait, entre autres, les postes de Président du Conseil d'administration du Trust Général du Canada et de directeur de la Banque Impériale du Commerce. Propriétaire de l'hôtel Queen's et Windsor, il fut aussi impliqué à la haute gestion de l'Université de Montréal et l'Hôpital Notre-Dame. 

Amoureux de sport et très dévoué à la cause du hockey, à titre de chef de la Compagnie canadienne d'aréna (1923 - 1955), il a grandement contribué à la construction de la Ligue nationale de hockey (LNH) et fut propriétaire jusqu'à 1955 du club «Les Canadiens de Montréal». Une des causes qui le tenait particulièrement à cœur et à laquelle il s'est investi, fut la construction du Forum de Montréal. En 1958, Donat Raymond a été introduit au Temple de la renommée du hockey. 

Âgé de 83 ans, M. Donat Raymond est décédé à Montréal à l'hôpital Hôtel-Dieu le 5 juin 1963. 

Son épouse Graziella Timmins avec laquelle ils avaient eu quatre enfants, habitera à la Maison Forget jusqu'à son décès (1984). 

Après la mort de Mme Timmins, la maison sera mise en vente, alors que le somptueux mobilier, vaisselle et objets décoratifs seront été exposés aux enchères qui attireront les plus riches collectionneurs du Canada et des États-Unis.

La résidence du Consul Général de Russie 

La copie de l'acte de vente de la Maison Rodolphe Forget. Le 23 septembre 1985.

Les archives du Consulat Général de Russie à Montréal.

Conformément à l'acte de vente du 23 septembre 1985, l'immeuble au 3685, avenue du Musée, qui voisinait avec l'édifice du Consulat Général de l'URSS, fut vendu par la succession de Mme Graziella Timmins au Gouvernement de l'URSS. La résidence du Consul Général y a été établie.

La résidence du Consul Général de Russie sert d'un lieu de réceptions et événements culturels. Expositions et spectacles y tiennent lieu. Parmi les invités il y a des représentants des milieux politiques, économiques, culturels et académiques de Montréal. 

Les habitants actuels de la Maison Forget veillent précieusement à la conservation de ce joyau du patrimoine architectural de Montréal.

«Pastourelle» de la Maison Forget 

Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté, Pastourelle à Vallangoujard, Seine-et-Oise (1898).

Un des joyaux de la Maison Forget fut la toile «Pastourelle à Vallangoujard» (1898) de l'éminent artiste canadien Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté (1869-1937). Il l'a accompli durant son séjour en France. En 1899, « Pastourelle » (huile sur toile, 235,5 cm x 100,5 cm) fut exposée au Salon des artistes français à Paris et la même année, fut acquise par Sir Rodolphe Forget. Plus tard, lors de la vente de la maison, elle fut achetée par Donat Raymond. La belle « Pastourelle » a toujours orné le hall du deuxième étage de sa demeure.

Après la mort de Mme Graziella Timmins, sa succession a fait le don de «Pastourelle à Vallangoujard» de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté au Musée des Beaux-Arts de Montréal. 

Aujourd'hui ce chef-d'œuvre de la peinture canadienne, orne les murs du Musée des Beaux-Arts de Montréal et constitue une des pièces maîtresses de sa collection.

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